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LE BLOG

Le Sud Lipez pour les nuls

Le Sud Lipez est sans doute THE challenge de tout voyage à vélo en Amérique du Sud. Cette région bolivienne enclavée entre le Chili et l’Argentine, située à plus de 4000 m d'altitude est aussi sauvage que magnifique. Voyager au cœur de ce désert est une vraie expédition pour les cyclotouristes et mérite donc un peu de préparation.

Il faut savoir que nous traversons l’Amérique du Sud du Sud au Nord et que donc les informations comme le dénivelé concernent le sens San Pedro de Atacama – Oruro.


Pour situer un peu, voici une carte de cette région, également appelée Réserve Nationale de la Faune Eduardo Avaroa. On voit sur la carte que le Sud Lipez est au croisement entre l’Argentine et le Chili. L’entrée sud Sud Lipez peut se faire depuis l’Argentine via le Paso de Jama ou via le Chili depuis San Pedro de Atacama. Pour rejoindre l’entrée depuis le Chili, il faut compter plus de 40 km et quelques 2200 m de dénivelé positif ; en effet, l’entrée en Bolivie est à environ 4600 m d’altitude.



Le Sud Lipez à vélo, c’est pour qui ?


Aussi redouté qu’attendu, le Sud Lipez ne laissera personne indifférent. Si votre définition du voyage est de faire le plus de km par jour sur une route la plus praticable alors mon conseil est -> passez votre chemin. En revanche, si vous voulez vivre l’aventure que l’on fait seulement une fois dans sa vie (enfin sauf pour les fous qui souhaitent le traverser plusieurs fois !), si vous voulez être témoin de paysages irréels pendant plusieurs jours, si vous voulez tester vos limites physiques et psychologiques et si vous n’avez pas peur du froid alors foncez-y !

Pour être tout à fait honnête, j’ai (Pauline) eu de grosses sueurs froides plusieurs semaines avant le début de l’expédition dans le Sud Lipez… Mais ce n’est pas si dur que cela paraît ! D’autant plus que nous avions quelques milliers de km derrière nous en guise d’échauffement (ce qui est valable pour 99% des cyclotouristes en Amérique du Sud – à moins que vous ne commenciez votre voyage à La Paz !)


Quand y aller ?


D’une manière générale, le Sud Lipez peut se traverser toute l’année. A partir d’une certaine altitude, il fait froid constamment. On distingue pour autant 2 saisons :

  • Entre novembre et mars, le climat sera moins froid mais plus humide.

  • Entre avril et octobre, c’est la saison haute : climat plus sec (voir très sec à partir de juin) mais beaucoup plus froid. Cela peut atteindre jusque -20˚C la nuit.

Grosso modo, ça se passe comment ?


Si vous vous intéressez un peu à cette région, vous devez déjà avoir téléchargé la bible cyclotouristique du Sud Lipez, c.-à-d. le PDF Tour.tk. Si ce n’est pas déjà fait, vous pouvez la trouver ici.

Sur cette carte, on trouve à la fois les distances, le dénivelé, les points d’eau, les refuges, spots de bivouac etc.

IMPORTANT : cette carte, quoi que très bien réalisée a été conçue il y a maintenant plusieurs années. L’état des routes est bien meilleur que décrit dans le PDF, on trouve de l’eau dans tous les refuges et très important : il n’est pas nécessaire de camper. Pour notre traversée, nous avons trouvé tous les soirs un toit et des murs pour nous protéger du grand froid.

Techniquement, on peut trouver de l’eau et de la nourriture dans tous les refuges. Il n’est pas nécessaire de prendre plus de 1 ou 2 jours d’eau avec soi !


Un bon tip pour la nourriture : il est possible de se faire envoyer un carton de nourriture depuis Uyuni ou San Pedro de Atacama. Pour San Pedro, nous recommandons l’agence Estrella del Sur qui se trouve dans la rue principale caracoles. L’agence est bolivienne et vous enverra le carton à la Laguna Colorada (à environ 2/3 jours de vélo). Quel plaisir de trouver au milieu de nul part chocolat, avoine et autres condiments.


Nos étapes


A titre indicatif, nous avons traversé le Sud Lipez et rejoint le Salar d’Uyuni en passant par San Juan de Rosario en 10 jours, puis du Salar d’Uyuni à la Paz en passant par Tahua et Oruro en 9 jours. Voici nos étapes :


Jour 1 : San Pedro de Atacama – Refugio laguna Blanca (entrée du parc).

On l’avoue, nous avons pris un pick-up de San Pedro à la frontière bolivienne (le Poste de Frontière est appelé Hito Cajon). Pour la simple et bonne raison que nous n’avions pas envie de commencer le Sud Lipez avec une montée assez épuisante de 45 km et 2500 m de D+.

Il faut 15 km pour rejoindre l’entrée du parc depuis le croisement Chili – Bolivie. Ripio (piste) très praticable. Possibilité de dormir au refuge de la Laguna Blanca ou du poste de contrôle des billets.



Jour 2 : Laguna Blanca – Laguna Chalviri.

Environ 40 km et un col à 4700 m.

Depuis la Laguna Blanca, prendre à gauche en direction de la Laguna Verde. Les deux lagunes sont séparées par un passage à guet.

La route est praticable, quoi que sableuse. Si vous venez du Sud, vous bénéficierez d’un vent favorable. Après le col, descente jusqu’à la Laguna Chalviri où vous pourrez profiter gratuitement d’eaux thermales à 39˚C. Piste en excellent état. Possibilité de dormir dans le restaurant de la Laguna Chalviri. Pensez à profiter des eaux thermales en fin d’après-midi, lorsque les Jeep de touristes ne sont pas là. Ils débarquent en masse le matin, ver 6h…profitez en avant !



Jour 3 : Laguna Chalviri – Refuge Sud Laguna Colorada

Environ 50 km et col à 4950 m (sol de mañana)

Depuis la Laguna Chalviri, on commence doucement à grimper vers le plus haut col du Sud Lipez et peut-être de notre voyage : le col des geysers de Sol de mañana à 4950 m d’altitude. La pente est correcte, le revêtement un peu sablonneux mais praticable. Vers la fin de la montée, la route se sépare en 2 : il faut prendre à gauche (autrement vous irez directement à Uyuni sans passer par la « route touristique ») et une fois au col, il y a une bifurcation à gauche qui permet de rejoindre les geysers. Nous ne l’avions pas vu, et avons fait un détour de 10 km. Depuis Sol de Mañana, ne pas prendre la piste à gauche qui vous fait de l’œil : il faut prendre tout droit, vers cette océan de traces de Jeep. Toutes les traces mènent au même endroit : la Laguna Colorada. Pour y arriver, attendez vous à un chemin assez atroce : montée et descente sur de grosses pierres et sables. Pas besoin de pousser mais la vitesse est assez limitée et les effets sur le vélo font mal au cœur !



Jour 4 : Refuge Sud Laguna Colorada - Laguna Colorada

Journée « repos » : environ 12 km entre les 2 refuges.


Jour 5 : Laguna Colorada – Hôtel del Desierto

Environ 45 km.

Cette journée commence par une longue montée, peu inclinée mais avec vent de face, en direction de l’Arbol de Piedra. L’Arbol de Piedra peut également faire office de spot de bivouac ou de déjeuner mais attendez vous à avoir froid ! L’Arbol de Piedra symbolise la fin de la réserve nationale, donc la fin de la « route » balisée. Depuis ce même endroit, attendez-vous à environ 20 km de vent de face très fort. Il y a une maison en ruine environ 10 km plus loin qui est également très bien pour camper / déjeuner / faire une pause.

Le reste du trajet est sablonneux, c’est certainement la journée où nous avons le plus poussé. Mais vous serez vite récompensé à l’arrivée de l’hôtel del Desierto. Cet hôtel luxueux (140 $ US la chambre) est très bien réputé chez les cyclotouristes. Nous avons pu séjourner gratuitement dans une partie de l’hôtel en construction, avec attention, une douche chaude et des matelas !



Jour 6 : Hôtel del Desierto – Laguna Hedionda

Environ 45 km.

Les premiers kilomètres à la sortie de l’hôtel sont assez durs : sable, montée et tôle ondulée. Une fois cette zone passée, ce sera quasiment que de la descente jusqu’à la première des 4 lagunes. Et vous serez très soulagés d’être dans ce sens là de la piste. Environ 30 km de descente, sur tôle ondulée ou gros pierrier.

Les 4 lagunes sont vraiment époustouflantes et la laguna Hedionda est de loin la plus belle, avec des flamants roses adorables. Il est possible de dormir sur place.



Jour 7 : Laguna Hedionda – Chiguana

30 km de vélo.

Surprise au réveil, il y a 20 cm de neige et il continue de neiger à gros flocons. La piste étant impraticable (car invisible) nous nous faisons avancer par une Jeep environ 30 km plus loin, au niveau du volcan Ollague. ERREUR !! S’il a neigé au niveau de la lagune, le sol en terre quelques centaines de mètres plus bas s’est transformé en champ de boue. Nous nous retrouvons perdus au milieu de cette immensité boueuse et mettons 6 heures à parcourir les 30 kilomètres qui nous séparent de la base militaire de Chiguana.

Un conseil si cela vous arrive : attendez quelques jours (au moins une journée) avant de reprendre la route.

Possibilité de dormir à la base militaire. Nous avons même eu droit à un lit et un petit déjeuner.



Jour 8 : Chiguana – San Juan de Rosario

Environ 30 km.

Traversée du Salar de Chuiguana et il s’avère que la boue n’a pas vraiment séché… Nous mettons 4 heures à arriver à San Juan (30 km plus loin). A San Juan, vous trouverez des tiendas et quelques auberges. Nous conseillons fortement la Cabaña de sal de Silvia (35 bolivianos par personne avec douche chaude, accès à la cuisine). Cet hôtel est tout en sel, bien lumineux et l’accueil très chaleureux. Une bonne cure de confort après ces 8 jours intenses.


Jour 9 : San Juan de Rosario – Tanil Vinto

Environ 50 km.

A la sortie de San Juan, nous retrouvons un ripio (piste) tout a fait correct (qui se dégradera un peu avant Colcha K). Tanil Vinto est le dernier « village » avant l’entrée dans le Salar d’Uyuni.


Jour 10 : Tanil Vinto – Isla Incahuasi

Environ 50 km.

Le réconfort après l’effort : rouler sur le sel après le Sud Lipez donne la sensation de rouler sur le plus beau goudron du monde !

Possibilité de dormir chez Aurélia & Alfredo sur l’Ile d’Incahuasi ou bien entendu de dormir sur le Salar. Pour camper sur le Salar, prévoyez des sardines spéciales (de simples vis en crochets font l’affaire) ou préparez vous à creuser le sel au couteau de poche pour y planter votre tente.



Le passage dans la ville d’Uyuni ne nous a pas semblé pertinent (hormis pour une urgence gastronomique ou médicale) et nous n’y sommes donc pas passé. Nous avons donc poursuivi notre route depuis l’île Incahuasi vers Tahua, au pied du somptueux volcan Thunupa. Une randonnée au sommet de ce volcan à 5300m est d’ailleurs possible depuis les villes de Coqueza et Tahua.


Conclusion


La région du Sud Lipez restera-t-elle l'étape la plus difficile du voyage ? Probablement! Mais la beauté des paysages a dépassé nos espérances... Le "Paraiso Infernal" est un terme parfait pour décrire cette région !

Nous abons été plutôt surpris en bien sur la qualité de la piste (dans la réserve uniquement, c'est à dire la partie la plus au Sud). On voit que les boliviens "développent" la réserve, on trouve désormais quelques panneaux, la piste est parfois damée, ce qui n'est pas plus mal pour nos bicis !

En ce qui concerne l'isolement, c'était très rassurant d'avoir un refuge en objectif chaque jour : cela nous permettait de faire quelques rencontres, manger et dormir au "chaud" (ne nous emballons pas, le chauffage n'existe pas en Bolivie). A mon sens, les journées étaient déjà bien assez éprouvantes !


Note de fin : énorme respect pour ceux qui s'aventurent seuls dans ce désert en vélo... Le fait d'avoir un acolyte, quelqu'un avec qui partager les moments durs est indispensable à mes yeux !




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