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Le Noroeste Argentin : aux confins des Andes

  • inbikewetrust
  • 11 mai 2015
  • 6 min de lecture

Ceux qui ont bien suivi notre parcours l'ont forcément remarqué : on a précipité les choses lors de notre périple argentin en prenant un bus entre Mendoza et Cafayate.


Voici une petite carte pour rappel, et pour bien situer tout ce qu'on s'apprête à vous raconter (cliquez sur la carte pour plus de détails) :





Oui on a triché, on a pris le bus. Mais on peut pas dire qu'on vous avait pas prévenu dans nos articles précédents. Tous les cyclistes rencontrés plus au sud s'étaient accordés à nous le dire : le trajet entre Mendoza et Cafayate est constitué de lignes droites ennuyeuses de plusieurs dizaines de kilomètres, parcourues par des 38 tonnes ignorant la vulnérabilité (et le courage sans bornes) des cyclistes. Le tout est bien entendu bordé de buissons épineux assurant un calvaire pour toute chambre à air qui oserait s'aventurer sur cette route piquante.

C'est donc depuis un bus que nous observons ces lignes droites sans fin, tout en étant plus préoccupés par nos vélos, pliés en quatre dans les obscures soutes à bagage, que par les épineux qui défilent.


Nous débarquons à Cafayate, sous un soleil de plomb. Nous voilà dans la région Noroeste Argentino, le Nord de l'Argentine.

Cette bourgade coloniale, perchée à 1600m d'altitude, est pourtant rafraîchie dès que le soleil se couche.



La place centrale, la Plaza 20 de Febrero, les arbres qui la bordent, les petites maisons de plain pied, les cafés et les glaciers artisanaux ainsi que les commerçants peu pressés, confèrent à cette ville des airs paisibles de village du sud de la France.



Les rues rectilignes du centre ville sont entourées de vignobles qui plantent leurs racines dans de la rocaille rouge vif.




Ici, dans la province de Salta, c'est le Torrontés, un cépage blanc inconnu en Europe, qui fait vibrer les papilles des locaux et des touristes.

Bien décidés à le goûter, nous enfourchons nos vélos, et traçons dans les chemins de sable et de pierre en esquivant les cactus. C'est l'automne en Argentine, et nous assistons à un feu d'artifice de couleurs ocres au milieu des vignobles, en visitant les caves des petits producteurs locaux : San Pedro de Yacucha et Piatelli.

Avouons que la bodega Piatelli n'est pas vraiment un petit producteur, mais plutôt un investissement d'un riche argentin qui s'est dit il y a deux ans qu'il se lancerait bien dans la production vinicole. Résultat : il a construit une bodega d'un luxe incomparable et décorée avec finesse, sur les hauteurs de Cafayate. Quant au vin, il est pour l'instant forcément très jeune, mais nous savons en apprécier la fraîcheur au milieu de ce paysage aride.



Pour rejoindre Salta, la capitale régionale, nous devons traverser la Quebrada de Las Conchas : il s'agit d'une vallée dans laquelle une ancienne mer s'est retirée et a laissé place à des rochers aux formations étranges, tels des fonds marins. Son nom provient d'ailleurs de ses origines aquatiques : Conchas signifie coquillages, en castillan, et de nombreux coquillages ont été retrouvés par les géologues dans la région. C'est au milieu de ce paysage sorti tout droit d'un western que nous pédalons et bivouaquons. Sans oublier la douche du soir dans la rivière rouge qui coule au milieu de ce paysage lunaire.





Nous pédalons trois jours durant, et faisons notamment la connaissance de Mercedes, une Argentine très accueillante, chez qui nous passons une nuit animée par les chiens errants dans la ville de Coronel Moldes.



La ville coloniale de Salta, dite "Salta la Linda", nous offre deux jours de repos et de découvertes étonnantes : le centre-ville est très joli, notamment la place centrale, la Plaza 9 de Julio, bordée d'édifices coloniaux resplendissants, et bien entretenus. La cathédrale de Salta et l’Eglise de San Francisco se dressent dans le ciel, avec des couleurs et des ornements kremlinesques!



La visite du musée d'archéologie de haute montagne, le MAAM, nous offre un tête à tête avec des incas plus vrais que nature : trois enfants sacrifiés au XVè siècle par des prêtres incas ont été enterrés au sommet du Llullaillaco, un petit volcan de 6 739m d'altitude. Nous voici dans le musée, face à eux, à dévisager chaque détail de leurs petites têtes andines conservées par la température glaciale du sommet sur lequel ils reposent depuis plus de 500 ans.

C'est à la fois fascinant et triste, mais au risque d'en décevoir certains d'entre vous, les incas n'étaient en fait pas des êtres sanguinaires sacrifiant hommes et animaux à tour de bras. C'était d'ailleurs une civilisation riche et avancée, mais on ne vous apprendra rien en vous disant que les Colons Espagnols les ont exterminés.




Salta, c'est aussi pour nous synonyme du confort prodigué par une grande ville : nous allons deux soirs de suite au cinéma, pop corn et nachos au cheddar sur les genoux. Inutile de préciser que le scénario alambiqué et extrêmement poussé de "Los Vengadores" ("Avengers"), nous a paru bien obscur en espagnol! En revanche, les dialogues recherchés de "Rapidos y Furiosos 7" ("Fast and Furious 7") nous ont semblé limpides, même dans la langue de Cervantes.



Puis nous repartons vers le nord de Salta, vers la province de Jujuy. Les paysages secs des alentours de Salta cèdent la place, le temps d'une soixantaine de kilomètres, à une végétation luxuriante. La Ruta 9 serpente au milieu d'arbres verdoyants couverts de plantes épiphytes. On se croirait dans la forêt amazonienne, ce qui n'est pas déplaisant après avoir parcouru des centaines de kilomètres au milieu des cactus et des cailloux.


Au camping de El Carmen, à quelques kilomètres de la ville San Salvador de Jujuy, nous faisons la rencontre de locaux qui fêtent "El día de los trabajadores", car nous sommes en effet la veille du 1er Mai. Nous trinquons avec eux et les écoutons toute la soirée débiter des chansons locales au bon goût de terroir et de Fernet (le Fernet est l'alcool argentin par excellence, il se boit très frais avec du coca. C'est à l'origine une boisson italienne, apportée par les nombreux migrants venus de la Botte).

L'un des joyeux fêtards est le responsable d'une radio locale : nous avons donc la chance d'être interviewé et nous racontons notre aventure en direct à toute la région! Nous en profitons bien entendu pour faire de la pub pour In Bike We Trust...


Le lendemain, nous avons la chance de pouvoir échanger avec Raul, qui est le gérant à El Carmen d'un organisme de locations de vélos, financé par la banque Macro (qui a dit que les banques argentines étaient en crise?). Nous ne vous en disons pas plus, notre reportage à paraître vous révèlera les modalités de fonctionnement de ce "vélib" du nord de l'Argentine.


Après avoir quitté El Carmen, nous décidons de cesser de pédaler après une cinquantaine de kilomètres : c'est un jour férié après tout !

Nous sonnons alors à la porte d'une charmante maison dont le gazon fraîchement tondu fait rêver les sardines de notre tente.

Nous nous retrouvons ainsi par hasard au milieu d'un repas de famille dont le patriarche n'est autre que le "Defensor del Pueblo de la Nacion", autrement dit le Ministre des droits de l'homme Argentin. Carlos Haquim est d'ailleurs également un ancien député de la région de Jujuy. D'un coup tout devient limpide : seul le gazon d'un député peut être si vert dans une région aride comme celle ci!

Cette coïncidence extraordinaire nous mène à échanger longuement avec ses membres de famille et amis. Nous passons ainsi l'après midi entière, sur leur terrasse ombragée, au bord de la piscine, à apprendre beaucoup de choses sur le pays et la région.



Dans une dimension plus terre à terre, cette journée se termine directement dans la chambre d'amis pour la nuit, sans passer par la case plantage de tente. Tant pis pour nos sardines!


Nous reprenons la route le lendemain, après avoir remercié nos hôtes à grand renfort d’embrassades typiquement argentines. La famille Haquim a vraiment un sens de l'hospitalité incroyablement puissant. Nous pouvons en fait même en dire autant de toutes les personnes chez qui nous avons eu la chance d'être accueillis.

Les trois jours suivants, nous pédalons le long de la Quebrada de Humahuaca, une vallée classée au patrimoine naturel et culturel de l'UNESCO : la vallée mérite parfaitement cette nomination, et nous nous abreuvons des couleurs offertes par les falaises qui bordent la route que nous parcourons.


Nous faisons halte à Purmamarca et à Tilcara, deux villages qui nous montrent à quel point le Nord de l'Argentine est à part : il s'agit d'un pays dans le pays. Tout ici est différent de l'Argentine que nous connaissons jusqu'à présent. On s'approche du cœur des Andes, et ça se sent : les paysages sont très arides, l'Altiplano Bolivien se rapproche ; les habitants sont bien plus typés "indiens" que dans le sud, et mâchent de la coca (autorisée d'ailleurs seulement dans cette région du nord) ; le folklore vestimentaire est très différent également, c'est bien plus chaud et bigarré.



Enfin, l'altitude se fait sentir : nous ne descendons plus en dessous des 2300m d'altitude, ce qui a le mérite de nous acclimater pour la suite de notre voyage.


Nos globules rouges n'ont pas une minute de répit, et nous comptons bien sur eux pour nous emmener très haut dans la suite de notre aventure : le cœur des Andes nous attend, mais pour y parvenir, il faudra franchir une série de cols proches de la hauteur du Mont Blanc.

Mais ça, c'est pour plus tard...


Pour accompagner cet article, n'hésitez pas à visionner notre vidéo de cette aventure sur notre page "Videos".




 
 
 

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