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LE BLOG

Unboliviable !

Nous vous avons parlé du désert du Sud Lipez Bolivien, qui a été notre premier aperçu de la Bolivie, et quel aperçu : sableux, boueux et rocailleux !

Ce qu’il nous reste à vous présenter, c’est tout simplement le reste de la Bolivie, de Uyuni (proche du Salar du même nom) au lac Titica, en passant par la Paz.



Nous passerons outre la majorité des routes, qui sont principalement des autopistas, soit des autoroutes parcourues par des collectivos et des camions qui n’ont aucune considération pour les cyclistes vulnérables que nous sommes. Ces autoroutes nous permettent, certes, de parcourir des kilomètres facilement (et c’est plutôt plaisant après notre moyenne minable du Sud Lipez) mais ne traversent pas forcément les endroits les plus charmants.


Nous faisons nos pauses du soir dans des villages fantômes, aux habitants reclus derrière leurs volets, nous mangeons au bord de l’autoroute nos sempiternels (et désormais légendaires) sandwichs au thon-mayonnaise, nous maudissons les chauffeurs peu courtois et nous avalons près de cent kilomètres quotidiennement.


Mais entre ces kilomètres qui n’ont pour seul intérêt que de faire grimper le chiffre sur notre compteur, nous visitons des merveilles.



Pour la visite de Sucre et Potosi, nous avons la chance d’avoir avec nous Mélanie et Clément, des potes de mon école, qui sont venus s’essayer aux hauteurs andines (pas en vélo, en bus, n’exagérons rien !).



Sucre est la capitale constitutionnelle de Bolivie. Tout le monde me dira : « n’importe quoi, c’est la Paz la capitale bolivienne ». Et bien vous auriez aussi raison car cet étrange pays possède deux capitales : Sucre, où réside le pouvoir judiciaire, et la Paz, où résident les pouvoirs exécutif et législatif.



Sucre est de loin une des plus belles villes rencontrées sur notre trajet depuis le début. Cette ville coloniale, surnommée « la Ciudad Blanca », nous séduit par son atmosphère baroque, son climat doux qui lui confère un rythme nonchalant, ses marchés colorés (on trouve enfin des fruits tropicaux, et à des prix qui donne envie d’en manger bien plus de cinq par jour), ses zèbres qui font la circulation, ses petits patios arborés que l’on découvre en poussant une porte au hasard. Bien sur, les happy hour proposés par les bars et la présence de nos deux potes n’est pas innocente dans notre plaisir à découvrir cette ville !

Quel bonheur de déambuler au milieu de ce décor colonial, au soleil, en écoutant les potins des copains, en leur demandant des nouvelles du Vieux Continent…bref, en vivant une vie « normale » quoi !


En guise de vie « normale », nous sommes servis à Potosi, cette ville coloniale située à 4000m d’altitude : nous faisons une petite promenade de santé dans les profondeurs du Cerro Rico (littéralement la Montagne Riche), pour assister à un spectacle effarant sorti tout droit de Germinal. Toujours accompagnés de nos deux émissaires Européens, nous allons inspecter les conditions de travail des mineurs de Potosi, qui extraient de cette montagne depuis des siècles de l’argent, de l’étain et du cuivre.


Nous ne sommes pas déçus : les gaillards travaillent dans des conditions dignes du siècle dernier, avec des pelles et des pioches, et poussent de petits wagonnets (dois-je préciser que ces wagonnets ne sont pas motorisés ?). Nous croisons des jeunes de 15 ans, nous les aidons (un peu) à porter de lourds sacs de minerai, et nous apprenons que la carrière de la plupart de ces mineurs est très souvent mortellement écourtée soit par la silicose, soit par des accidents.



Nous avons pour autant droit à de chouettes rencontres avec ces mineurs qui ne perdent pas leur sourire, même dans la poussière à 300m sous terre. Nous ferons également connaissance du Tio, la divinité de la mine, clope au bec. Autour de lui sont disposées quotidiennement des offrandes : feuilles de coca, alcool, confettis et cigarettes. Le but de ces dons est de ne pas offenser la Pacha Mama, la Terre Mère, en venant piller chaque jour ses ressources. Encore une fois, les croyances andines sont un savant mélange de catholicisme et d’animisme indigène. Au moins les conquistadors ne leur ont pas totalement tout pris.



Car l’histoire de la ville de Potosi est sombre et tragique : depuis la découverte d’argent par les conquistadores dans le Cerro Rico en 1544 (soit très peu de temps après leur arrivée), les indigènes sont exploités par leurs occupants pour extraire chaque gramme de précieux minerai de la montagne. Les autochtones sont morts par millions dans cette mine que nous avons visité, afin de permettre l’envoi au Royaume d’Espagne du fruit de leur travail. Ils ne profitent que depuis à peine quelques centaines d’années de ces ressources qui sont les leurs.



Après de nouveaux kilomètres d’autoroute sur de l’altiplano sans grand intérêt, nous arrivons finalement en vue de la Paz. Mais pour mériter le cœur de la capitale bolivienne, il faut d’abord affronter des obstacles de taille :

  • La traversée de El Alto, petite localité d’un million d’habitants, située à 4100m d’altitude, qui nous vaudra bien une bonne pneumonie. Il faut batailler au milieu des centaines de collectivos et de leurs hordes de passagers, se faufiler entre des camions gigantesques et des deux-roues vicieux et parvenir à reprendre sa respiration dans ce cocktail d’odeurs de friture, de pisse froide, de gaz d’échappement et d’égouts bouchés.

  • La descente de El Alto vers le centre de La Paz, via ce qui nous a fait penser au périf parisien, mais qu’il faut imaginer en pente de 15%, avec des nids de poule partout, et des collectivos féroces qui nous doublent en nous injuriant.



En plus de toute cette animation, il nous faudra du temps pour comprendre pourquoi la ville, aussi belle soit elle, a été construite dans cette vallée étroite alors qu’il y a des milliers de kilomètres carrés d’altiplano tout plat (comme son nom l’indique) et tout vide dans les environs de la ville !




Lorsque nous sommes parvenus à la Paz, nous découvrons un centre ville à la fois très moderne, avec ses hautes tours de banques locales et ses chaines de restauration américaine, et très traditionnel, avec la présence sur les marchés des cholitas, ces femmes boliviennes typiques vêtues de leur chapeau melon et de leurs multiples jupons.


Après avoir apprécié le centre ville, nous allons nous réfugier dans la Zona Sur, ce quartier résidentiel et réputé chic du bas de la vallée. Nous y retrouvons Adriana, ma colloc du Mexique, ainsi que Luis, son copain.

Nous passerons chez eux une bonne semaine de ce que nous qualifions de vie normale : match dans un pub avec leurs potes, soirée film/pizza, journée shopping dans le mall local, soirée chez l’un de leurs copains, séance cinéma, sessions Skype avec les potes et la famille, déjeuner dominical dans l’adorable famille de Luis, soirée sushis maison…

Après l’hostilité du Sud Lipez et des routes boliviennes, le quartier de Adri et Luis nous semble un vrai havre de paix. Nous ne les remercions jamais assez de nous avoir permis de croquer ces moments de vie normale, à laquelle nous aspirions depuis des semaines - que dis-je, des mois - de vagabondage.


Une fois nos batteries rechargées (des Chocapic et pancakes au Nutella tous les matins ça marche plutôt bien pour les batteries), nous nous remettons en route vers l’Ouest : direction le Lac Titicaca !

Mais pour cela, il faut sortir de cet imbroglio qu’est La Paz, et surtout, il faut remonter tout ce que nous avons descendu au péril de notre vie une semaine plus tôt.

Au dessus de nos têtes, tout récent tout moderne, passent les cabines du téléphérique de La Paz. Les travaux titanesques des cinq dernières années ont permis aux Paceños d’avoir un moyen de transport incroyable pour se déplacer dans cette ville ou l’altitude et le dénivelé rendaient compliqué chaque déplacement. C’est comme le métro, mais en plus aérien !

Après quelques négociations rondement menées, nous voilà prenant notre envol au dessus des toits de tôle de la Zona Sur, du centre ville, puis de El Alto, où nous descendons de notre nuage. Les vélos et nos mollets sont bien satisfaits de cette brillante idée : quitter La Paz par tous les moyens, sauf en vélo. Cette ville n’est décidemment pas faite pour les cyclistes, et nos Btwin sont contents de s’en éloigner.


A 140 kilomètres de là et une crevaison plus tard, nous arrivons en vue du Lac Titicaca, réputé le plus haut du monde. Nous pédalons dans un univers très méditerranéen, et retrouvons avec plaisir des arbres, de la végétation et de l’eau. Ca change de l’altiplano morne que nous parcourons depuis plusieurs centaines de kilomètres.


Deux jours après notre départ de La Paz, et après quelques kilomètres de montée sur les bords du lac au dénivelé inattendu, nous arrivons en vue de Copacabana.

Copacabana se love dans une baie surmontée d’un rocher rappelant vaguement un certain pain de sucre. La ville, quoique touristique, nous séduit d’emblée. Nous y déambulons avec plaisir, en dégustant des truites cuites au four, en observant des automobilistes préférer une bénédiction couteuse et farfelue à une assurance probablement plus efficace, en dégustant des buñuelos au petit déjeuner, en admirant le coucher de soleil sur le lac…



Nous partons ensuite pour deux journées de randonnée sur l’Isla del Sol, l’île du soleil, qui s’élèvent au milieu du lac. L’île porte bien son nom : très sèche mais aux allures définitivement méditerranéenne, l’île nous offre de belles balades lumineuses. Nous admirons des ruines incas, des tables de sacrifices, des fortifications qui parcouraient jadis l’île du Nord au Sud.


Nous décidons même de bivouaquer au milieu des ruines du temple de Chinkana, pour passer une nuit aux saveurs incas. Le réveil est royal, avec une vue plongeante sur le lac. En revanche, les touristes arrivent un peu tôt sur le site à notre goût. Il nous en faudra pourtant plus pour gâcher ce petit déjeuner que nous nous offrons, toujours calés au fond de nos sacs de couchage.


De retour à Copacabana, nous célébrons l’anniversaire de Pauline en mangeant de délicieux sushis à la quinoa et la truite du lac. Une chouette soirée en perspective, et la dernière en Bolivie…parce que demain, pour le début de la vingt-septième année de Pauline, nous fonçons au Pérou !


Alors la Bolivie, c’est aussi la réalisation de cette promesse que tous les cyclistes nous font depuis la Patagonie : « Vous verrez, en Bolivie, vous serez les rois du pétrole, c’est vraiment pas cher ! ».

Nous voilà donc à profiter de repas dans les gargottes de rues pour moins de 2 Euros chacun, à nous offrir des chambres d’hôtels à moins de 5 Euros (ça c’est quand nous ne dormons pas dans la salle de classe d’une école), et…à rêver devant des pots de Nutella à 9 Euros pièce (oui, oui, le petit pot !). Car ce point, nos amis cyclos rencontrés en chemin avaient omis de nous l’exposer : tout ce qui n’est pas produit ici en Bolivie, coûte très très cher ! Nous consommons donc bolivien pendant ce mois et demi, et ce n’est certainement pas pour faire plaisir à Mme Royal.


C’est donc principalement du poulet avec riz/pâtes/frites (le tout dans la même assiette, à croire qu’ils sont tous cyclistes avec une telle consommation de féculents), mais aussi de délicieuses truites du lac Titicaca, de la sopa de mani (soupe de cacahuètes, dans laquelle flottent quelques pâtes et des herbes séchées), des burgers aux œufs sur le plat, des papas rellenas (pommes de terre fourrées à la viande), sans oublier des sandwichs au thon homemade !


Nous vous passons cependant les détails des lendemains difficiles. Et on ne parle pas des dégâts des happy hour de Sucre, mais bien des effets secondaires des repas pris sur le pouce dans les marchés ou les gargottes de bord de route.

La Bolivie, ce n’est pas cher de s’y nourrir, mais disons que les conditions d’hygiène y sont parfois très douteuses. Nous aurons parcouru par exemple plusieurs centaines de kilomètres avant de trouver notre premier frigo. Et ne parlons pas des stands de viande sur les marchés, et encore moins de ceux situés carrément sur les trottoirs.



Merci à tous pour vos encouragements, vos petits mots, vos petits mails, vos petits Whatsap, votre temps pour nous accorder une session Skype, vos pensées. C’est aussi ça ce voyage : nos proches nous manquent, beaucoup même, mais nous sommes conscients que tout le monde pense à nous. Et surtout : on sait que tout sera de nouveau comme avant lors de nos retrouvailles !

Alors merci à tous, c’est toujours un plaisir de savoir que vous suivez nos aventures, et c’est toujours un plaisir de recevoir de vos nouvelles !


Pour plonger dans l’enfer des mines de Potosi, mais aussi en savoir plus sur ce pillage organisé d’un continent par les Conquistadores Espagnols, n’hésitez pas à lire le livre suivant :

Les veines ouvertes de l’Amérique Latine, de Eduardo Galeano


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