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Les montagnes russes au Pérou

On vous le dit tout de suite : pédaler au Pérou est probablement la meilleure expérience de cyclotourisme depuis le début de notre voyage.


Voici quelques explications :


On va commencer par le nerf de la guerre. Le rapport qualité / prix d’un voyage en cyclotourisme au Pérou est optimal : que ce soit la bouffe ou l’hébergement lorsqu’on troque notre tente et nos matelas gonflables contre un vrai matelas. On s’est ainsi retrouvé (et sans même avoir à négocier) dans des chambres matrimoniales avec salle de bain privée pour 30 soles, soit moins de 9 Euros pour deux !



Et quand on décide que c’est toujours trop cher, il reste le bivouac. Et les spots de bivouacs sont assez aisés à dénicher et incroyables. On y passe d’ailleurs de bien meilleures nuits que dans les écoles boliviennes ou on avait l’habitude d’aller quémander une classe où étaler nos sacs de couchage. Certes, en bivouac il fait froid le matin, mais quel bonheur de prendre son bol de porridge au fond de son duvet, tout en regardant le soleil se lever sur les cimes andines qui nous entourent ! On aura ainsi dormi à plusieurs reprises dans des lieux qui n’ont rien à envier aux publicités The North Face !




De plus, contrairement à ce qui nous avait été annoncé, le Pérou nous semble très sûr. Les boliviens (qui ont visiblement un dent contre les péruviens) ont bien exagéré.

Les boliviens ne portent effectivement pas les péruviens dans leur coeur, et ont donc tenté de ternir la réputation de la sécurité des touristes au Pérou. Il y a une sorte de « racisme » anti-péruvien, et le bolivien définit souvent les péruviens comme des voleurs.




Nous dormons partout, en prenant tout de même garde à ce que la tente ne soit pas visible depuis la route, et nous n’avons jamais eu de problèmes. Les seules nuits où un intrus nous réveille, ce sont lorsque des vaches trop curieuses s’approchent de la tente. Et dans ce cas, ce sont nous les intrus ! En même temps, les indices frais et odorants qui jonchent nos « terrains de camping » auraient pu nous mettre la puce à l’oreille.



Et pour parler des routes, elles sont tout simplement « totalmente hermosas y espectaculares » : on en prend plein la vue, à chaque courbe (et Dieu sait si des courbes il y en a !), à chaque changement de vallée, à chaque village, à chaque réveil…

Nous assistons constamment à des scènes rurales, de travaux des champs au bord de la route. Nous prenons ainsi souvent le temps de faire une pause avec les villageois pour échanger sur notre voyage mais aussi sur leur quotidien.




Nous faisons ainsi des haltes dans des mini-villages incroyablement paumés et à la population curieuse et intéressante. Une ouverture d’esprit qui nous semble bien plus marquée ici au Pérou qu’en Bolivie, ou les boliviens semblent avoir une estime d’eux assez faible, et ils font même preuve d’un peu de défaitisme (qui s’explique par l’histoire du pays, constamment dépouillé tour à tour par les conquistadores puis par les voisins chiliens, péruviens et paraguayens). Tous ces villages, tous ces villageois, ce sont autant de lieux et de personnes que nous n’aurions jamais connus si nous ne voyagions pas en vélo.




En revanche, nous nous abstenons désormais de leur demander quelle est la route à prendre, ou d’estimer le temps de trajet qu’il nous reste. Les indications des péruviens, assez trompeuses, quant aux routes à emprunter : « Oui, vous serez la bas dans l’après midi » alors qu’on nous indique une ville qui se situe 160km et plus de 6000m de dénivelé positif plus loin. Même en voiture ce n’est pas réaliste !

Il est également amusant d’observer leurs réactions peu expressives voire indifférentes lorsqu’on leur dit qu’on vient du Sud de l’Argentine (soit 7000km plus au Sud), et leurs réactions démesurées lorsqu’on leur dit qu’on vient de Cuzco (soit 200km plus au Sud). Conclusion : il vaut mieux leur parler de références qu’ils connaissent.




Si notre mode de transport nous donne cette ouverture vers les locaux, il provoque également les regards admiratifs des passagers de collectivos, mais aussi les klaxons exaspérants de n’importe quel véhicule qui nous dépasse. Ce n’est que rarement pour nous saluer ou nous encourager, c’est plutôt pour nous prévenir qu’ils s’apprêtent à nous dépasser à toute vitesse. Seulement nos rétroviseurs ingénieusement disposés sur nos guidons nous préviennent bien plus efficacement et au moins ne nous font pas sursauter comme ces klaxons péruviens !



En ce qui concerne le ravitaillement, sujet Ô combien important chez les cyclotouristes, nous trouvons également notre bonheur assez aisément. Les comedors, pas chers et goûtus (et pas le même genre de mauvaise surprise qu’un lendemain de repas bolivien) nous permettent de nous sustenter pour une poignée de soles (généralement moins de 3 Euros pour une soupe, une plat et une infusion). Et on ne parle pas des stands de rue qui vendent des anticuchos, ces fameuses brochettes de cœur de bœuf, qui apportent à nos petites jambes ces protéines tant désirées. Et nous sommes sur chaque marché au milieu d’un paradis regorgeant de fruits, qui font notre bonheur : nos trois dernières découvertes récentes sont la granadilla qui ressemble au fruit de la passion en plus sucré, le chirimoya à la chair blanche et douce et le tankai une sorte d’énorme haricot et dont la chair ressemble à du coton sucré.



Le cyclotourisme au Pérou est donc une expérience extrêmement enrichissante. Cependant, ces aventures et ces paysages de montagne se méritent. Car ça grimpe ! Nous caricaturerons en citant deux moments forts dans notre quotidien : lorsqu’on arrive au terme d’une montée de deux jours et 50km et lorsqu’on arrive au terme d’une descente de une heure et de 50km et qu’il faut remonter !

Et ce scénario se répète des dizaines de fois. Le Pérou, ce sont des montagnes russes interminables !



Nous ressentons cependant une légère frustration lorsque nous devons trop descendre, parce qu’on sait que ce qui est descendu devra être remonté à nouveau. Si une descente se présente : ca sent pas bon ! Mais qu’est ce qu’il est gratifiant de jeter un coup d’œil par dessus son épaule en fin de journée pour admirer le trajet parcouru ! En revanche, il faut un mental d’acier lorsqu’on aperçoit, tout là haut, 600m au dessus de nos têtes, le reflet du soleil sur la carrosserie d’une voiture. Cela nous indique tout simplement l’endroit où nous devrions être dans les heures qui viennent, au prix de nombreux efforts !



Le climat est également incroyable sur les routes. Il n’y a qu’au dessus des 4000m d’altitude (ce qui arrive donc tous les deux jours) qu’on doit se couvrir de notre coupe-vent. Autrement, un grand soleil nous arrose, et nous permet de développer à merveille notre bronzage de pied en forme de sandales. Car on peut désormais vous l’avouer, il y a du y avoir des fuites : on porte des sandales, on sait c’est moche, mais c’est vachement pratique. On plaide coupable, et promis on ne les portera plus en rentrant !



Et comme si l’altitude, le vent et le dénivelé ne suffisaient pas, il faut que les chiens errants et les moustiques s’en mêlent.

Les moustiques ne nous assaillent qu’en fond de vallée, soit en dessous des 2000m d’altitude, ce qui ne dure jamais vraiment.



Les chiens errants cependant, sont une vraie plaie. Et les péruviens sont de loin les plus hargneux (allez savoir pourquoi). Nous avons passé des heures de vélo à discuter de tous les stratagèmes pour s’en débarrasser : avoir un bâton à portée de main (pas vraiment pratique en vélo, mais parfait pour se prendre pour un chevalier lançant une charge sur l’ennemi), faire une réserve de cailloux dans la sacoche de guidons (mais cela rajoute un poids non négligeable dans nos sacoches), leur lancer de l’eau (mais trop précieuse pour être gaspillée), leur donner des coups de pieds (ces bâtards les esquivent sans réduire leur vitesse), leur crier dessus plus forts qu’eux…

Aux alentours de Pisco, un chien a réussi à faire tomber Pauline de son vélo. Celui-la a pris la correction du siècle et a reçu une pluie de cailloux et d’injures en français, sous les regards perplexes des habitants du village.

Finalement, après de nombreux échanges avec des cyclistes, il s’avère que la solution est toute simple. Il s’agit de descendre du vélo (pas du côté du chien, quand même). Et le chien semble alors réaliser qu’il est en train de poursuivre un être humain et, si tout se passe comme prévu, il s’arrête net et passe son chemin.



Enfin, outre sa culture, le Pérou offre une Histoire excessivement riche. Il y a des ruines et des panneaux « zona archeologica » tout le long de notre chemin, ainsi que des chemins incas dans tous les sens (le chemin inca, ou Inca Trail, est ce fameux chemin qu’ont développé les populations incas pour constituer un réseau de routes qui évitent les vallées pour échapper aux conquistadores. Ces chemins passent donc sur des crêtes, et sont l’assurance d’en prendre plein la vue en les parcourant !). Nous reviendrons dans un prochain article sur le patrimoine historique du Pérou, et notamment sur notre visite du fameux Machu Pichu !


Vous l’aurez compris : les routes péruviennes nous ont séduit. Et nous ne sommes pas les seuls. Nous croisons des cyclistes constamment : on se croirait de nouveau en Patagonie, nos statistiques sur le nombre de cyclotouristes rencontrés grimpent à nouveau, on en croise désormais en moyenne un par jour !




Quelles chouettes rencontres avec Fabian (colombien), Seth et Amanda (américains), Shirine et Kevin (américains), Alain (français), Aymeric et Gaëlle (français), Vincent et Benyamin (français et autrichien, retrouvés par hasard à Cuzco après les avoir quitté dans le Sud Lipez), Tomo (japonais), Claus (autrichien), Walter et Diego (colombiens), Titouan, Seb, Adélie, Gaspard et Ariane (une famille de français incroyablement courageux pour pédaler à cinq sur tout le continent)… !




Le seul hic de ces rencontres est qu’elles sont souvent un peu frustrantes car on croise généralement des gens qui vont dans le sens inverse (et donc parcourent l’Amérique du Sud en direction du Sud). Du coup, on doit se contenter d’échanges incroyables, mais on ne peut espérer rouler avec ces gens. Cela serait pourtant un vrai bonheur de partager les routes péruviennes avec eux. Mais, on prévoit de retrouver plus au Nord certains de nos amis rencontrés à Cuzco. Et rien ne nous empêche de les retrouver à un autre moment, sur d’autres routes du monde !







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