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LE BLOG

Le Pérou : gringo style

Le pays où l'on paye avec des soleils, ça n'a pas été pour nous que des cols et des montées interminables.

Nous avons eu la chance d'avoir la visite de mes parents, de la mère de Pauline, et d'une amie à elle pendant deux semaines.

Ce furent deux semaines pendant lesquelles on a volontiers troqué nos vélos contre des bus tout confort. Nos sensations de courbatures dans les cuisses contre la sensation d'un ventre bien rempli après un restaurant de gastronomie péruvienne typique. Des montées à n'en plus finir contre des temples pré-incas et incas resplendissants. Des nuits sous tente gelées contre des séjours dans des hôtels où les perroquets d'une volière nous réveillent en douceur. Des pâtes à l'eau contre des sauces au pesto Barilla, du chocolat Lindt et du saucisson d'Ardèche fraîchement débarqués de l'aéroport de Lima.

Merci les parents pour ce séjour qui fut un plaisir. Merci pour votre émerveillement devant ce Pérou qui nous est devenus si cher. Merci pour vos félicitations au sujet du chemin parcouru en vélo et pour vos encouragement au sujet de ce qu'il nous reste à parcourir. Merci pour ces vacances avec vous loin de nos vélos.

Pour ces deux semaines de villégiature, nous avions réservé les visites de quelques unes des perles du Pérou pour les apprécier en famille.

Nous avons commencé par Lima, capitale fascinante. Et dire que notre trajet originel ne nous y faisait pas passer, certainement par flemme de devoir descendre de notre cordillère vers la côte, mais surtout d'y remonter.

Lima. Deux syllabes pour une capitale sud américaine pleine de contrastes. Sans aucun doute à l'image du pays, et probablement du continent.

Il y a Lima vibrante, du côté des quartiers de Barranco et Miraflores, avec des immeubles modernes, des hôtels de luxe, des pistes cyclables flambant neuves, des centre commerciaux arborant la fine fleur de la mondialisation de la mode et de la junk food, des alignements de rues propres et ordonnées, des hordes de parapentistes qui côtoient les mouettes pour admirer le coucher du soleil grâces aux thermiques, un front de mer urbanisé splendide qui ferait pâlir les murs de bétons de la côte atlantique française...

Et il y a Lima coloniale. Le centre historique de Lima est aujourd'hui plus ou moins délaissé au profit de ces quartiers côtiers, plus aérés et contemporains. Les rues qui jouxtent la Plaza de Armas sont sombres et sales. La circulation y est intense, les coups de Klaxon retentissent constamment, les boutiques et les passants sont moins modernes. les rues alentours sont devenues le quartier populaire Limeño. Les monuments, quoique visiblement sujets à une volonté de préservation, sont poussiéreux et pas ou peu restaurés.

Mais en creusant un peu, Lima ce n'est pas seulement l'illustration des contrastes qui saisissent le Pérou. En fouinant et en s'intéressant de plus près à la ville, on peut dénicher de petites perles de restaurants, telle la Cevicheria Punto Azul, ou des musées de grande qualité comme le Museo Larco de Historia y Archeologia.

Nous passons une semaine complète dans cette métropole. Du repos bienvenu après les zigzags incessants pour la rejoindre. Et quel accueil réservé par les limeños : ils sont adorables, ouverts d'esprit, cyclistes, curieux. Il nous est même proposé une fois un dîner et une nuit par un couple qui nous voit passer sur nos vélos chargés, petit drapeau français flottant au dessus de notre barda.

Après une bonne gorgée d'urbanisation, nous sommes de nouveau prêts à nous rendre dans les montagnes. En bus cette fois ci!

Et nous sommes vite plongés à nouveau dans une ambiance andine enivrante, en débarquant dans la ville de Huancavelica. Délaissée à tort par les touristes, cette petite ville offre une bonne tranche d'expérience de la sierra profonde, avec ses péruviennes aux chapeaux en feutre, ses marchés aux multiples jupons, et ses vendeurs de rue aux boissons étranges à base de quinoa, de maca, de chia ou de kiwicha, ces variétés de céréales qui devraient bientôt devenir remplacer la quinoa dans les assiettes des brunchs des bobos parisiens.

Un petit passage par la plus haute route du Pérou, bordée de lagunes d'altitude ou paissent lamas et alpagas, et nous voilà en une journée de nouveau à Ayacucho. Et dire qu'en vélo, il nous aura fallu quinze jours pour relier cette ville à la côte Pacifique.

Cette ville coloniale est connue non seulement pour sa paisible Plaza de Armas, mais aussi pour avoir été le théâtre de la dernière bataille de l'indépendance du Pérou. On y fait donc le plein d'histoire, mais aussi d'artisanat, avec une spécialité d'objets en poterie dont certains sont placés sur les toits, en guise de décoration et de protection pour les foyers. Et toujours, à chaque coin de rue, les sempiternels tissus flamboyants qui ici servent de sacs à dos grâce à un système de nœud astucieux.

Les bus suivants mènent nos pas vers Cuzco, en quelques heures (contre dix jours en vélo quelques semaines plus tôt). Nous retrouvons avec le même émerveillement que lors de notre premier passage la capitale du Tawantinsuyo, le fameux empire inca. Bienvenue dans le nombril du monde inca (nombril se dit cuzco en inca)! Nous découvrirons en compagnie des parents les agréables quartiers de San Cristobal dont l'église domine la ville et de San Blas au dédale de ruelles d'un blanc immaculé. On se croirait rive gauche à Paris avec tous ces saints!

Nous poussons davantage sur les hauteurs de la ville pour y admirer les ruines de la forteresse de Saycsahuaman. Ce qui en reste n'est qu'un amas de vieux cailloux, certes, mais quel amas!! Et quels cailloux!! Les pierres sont gigantesques, certaines pèsent plus de 30 tonnes, et sont parfaitement amoncelées, sans mortier et pourtant sans le moindre espace entre elles, pour former une muraille imprenable. Pas si imprenable que ça au demeurant, car les conquistadores mèneront une bataille sans relâche ici même contre les incas et les débouteront hors de leur capitale.

Mais les incas ont plus d'un trou dans leurs flûtes de pan, et suite à cette bataille, ils se retirent dans la vallée sacrée.

C'est cette vallée, qui débouche au nord ouest de Cuzco, et qui finit, en apothéose, sur le fameux site du Machu Pichu, nouvelle merveille du monde.

C'est donc dans la vallée sacrée que nous nous aventurons, pour marcher sur les traces de cet empire inca déchu et pourtant si connu et fascinant. L'empire inca n'a duré qu'à peine 60 ans, et a profondément marqué le Pérou. Moins d'un siècle d'existence pour un peuple qui fascine bien au delà des frontières péruviennes!

La vallée sacrée, bien qu'excessivement touristique, ne doit pour autant pas être délaissée par le touriste amateur d'histoire et d'archéologie. Elle est d'une richesse sans nom! À chaque kilomètre, ce sont des panneaux indiquant l'existence de ruines, des terrasses de culture incas aperçues au loin, un reste de forteresse en haut d'une colline... Il faudrait des semaines pour visiter de manière approfondie l'ensemble des sites archéologiques de cette vallée.

Nous nous contentons des plus classiques, connus comme les plus impressionnants et donc incontournables. Ces visites nous emmènent au fil de la vallée, toujours plus vers le nord. Nous découvrons ainsi petit à petit comment s'organisait la vie au temps des incas, l'agriculture, l'élevage, la récolte du sel, les villages et forteresses...

Les visites qui nous ont fasciné sont donc les suivantes :

- les terrasses agronomiques concentriques de Moray, avec leur air de "crop circles" tracés par des extraterrestres

- les mines de sel de Maras, toujours exploitées en coopérative par les habitants, malgré un rachat par...des chiliens

- la forteresse de Pisaq, qui vaut presque le Machu Pichu, de par son étendue et son emplacement exceptionnel en nid d'aigle et la randonnée qui y mène, au milieu des terrasses agricoles incas

- la forteresse de Ollantaytambo, où les conquistadores ont essuyé leur première défaite, face au génie hydraulique inca qui permit d'inonder la vallée

- le village aux rues entrelacées de Ollantaytambo, qui est le seul village ayant conservé son plan d'origine, et permet donc de visualiser une ville telle qu'elle était à l'époque inca

- les ruines de Pinkuylluna au dessus du village de Ollantantaytambo, gratuites (ce qui mérite d'être souligné tant tout est hors de prix dans le coin) et qui offrent une superbe vue sur la forteresse principale et sur le village.

Toutes ces visites nous amènent ainsi graduellement vers la plus fameuse des cités incas, la resplendissante Machu Pichu!

Nous finissons donc cette vallée sacrée en beauté, en découvrant les mystères (pas tous élucidés, loin de là) de la cité perdue des incas. Découverte seulement en 1911, la ville n'a encore pas dévoilé tous ses secrets, et il faut avouer que chaque archéologue, chaque guide, y va de son interprétation pour la lecture des mystères qui l'entourent.

Notre guide nous fournit donc ses propres interprétations, et donne des explications parfois farfelues sur ce qui nous entoure. Il voit parfois des condors ou des pumas dans des rochers qui ont simplement une forme un peu différente, mais certainement pas fruit de la volonté de quelque sculpteur inca. Pas de regrets pourtant d'avoir pris un guide, car nous estimons que cela vaut le coup de tirer le maximum de cette visite unique. Il faut dire aussi qu'il n'y a aucun panneau explicatif sur le site. Et ce malgré le prix exorbitant de l'entrée.

À ce propos, un coup de gueule, sur lequel nous reviendrons dans notre article sur les bons plans du Pérou : le train qui mène de Cuzco à Machu Pichu, ou pour un trajet plus court de Ollantaytambo à Machu Pichu, est hors de prix. Cela pourrait éventuellement être acceptable (et encore!) si ces sous revenaient aux péruviens. Il n'en est rien, la compagnie qui possède Peru-rail est...britannique! Il s'agit de l'Orient Express. Ces prix donnent presque envie d'en venir au meurtre...pour ensuite écrire au sujet du crime du Peru-rail?!

Il faut savoir qu'aucune route ne mène jusqu'à Machu Pichu, seul le train va jusqu'au pied de la cité inca (à Aguascalientes). Tout est fait, à partir de Ollantaytambo, pour mettre des bâtons dans les roues de ceux qui désireront aller par eux même à Machu Pichu. Il faut sortir de polytechnique pour démêler l'imbroglio qui entoure les accès routiers et piétons à Machu Pichu. Nous reviendrons la dessus parce que ça nous a bien énervés (et ruinés!) malgré tout l'intérêt de la visite en elle même.

Puis, pour finir notre visite du gringo trail péruvien, nous avons fait un crochet par la magnifique ville coloniale de Arequipa. Nous nous y sommes plongés dans l'ambiance festive de l'anniversaire de la ville, qui célébrait ces 475 ans. Vu comme c'était festif, revenez dans 25 ans, à mon avis ça va être la grosse fiesta! Pour nous repentir de cette vie festive de débauche, nous nous nous sommes ensuite plongé dans la vie monacale des sœurs du couvent de Santa Catalina. Il s'agit du plus grand couvent du monde, il abrite encore une poignées de sœurs, et vaut vraiment le détour : c'est une vraie ville dans la ville, un petit havre de paix au milieu du tumulte de la ville. L'endroit est très bien tenu, très fleuri, avec parfois des petits airs de village méditerranéens.

Et pour finir notre tour comme de bons gringos qui se respectent, nous avons fait un tour au bord de l'oasis de Huacachina, pour une ambiance saharienne. Nous nous sommes essayés au sandboard sur les dunes géantes des alentours. Cette expérience décevra nos lecteurs snowboarders : ça glisse vraiment pas bien du tout, et je ne me risquerais pas à remettre en cause mes talents de rider. Par contre la vue sur l'horizon sableux infini vaut à elle seule les gouttes de sueur versées pour atteindre le sommet des dunes.

Puis, avant de rejoindre Lima, nous avons passé quelques jours à Pisco, non seulement pour déguster le cocktail éponyme, mais aussi pour profiter de la vie côtière. Le Pisco Sour c'est bon, mais la visite de la réserve naturelle de la péninsule de Paracas et l'observation de la faune des îles Ballestas, c'est encore meilleur! Surtout lorsque la visite est conclue par un ceviche bien rafraîchissant après cette visite dans le désert.

C'est notre deuxième article sur le Pérou, nous n'en sommes qu'à un mois et demi dans le pays...et ce n'est pas fini!

La richesse de ce pays est illimitée, impossible à concevoir tant ce que la nature a à y offrir est varié et disparate.

Si vous ne savez pas quoi faire de vos prochaines vacances, n'hésitez pas longtemps! En revanche, soyez prêts à y laisser vos dix semaines de congés payés, y'a vraiment de quoi faire dans les parages!

Et pour vivre ces mêmes trajets Péruviens un demi-siècle plus tôt, lisez donc le premier roman d’un certain Ernesto Guevara, qui lui n’a clairement pas suivi le chemin du gringo : Carnets de voyages (Titre original, pour les courageux qui voudraient le lire en espagnol : Diarios de Motocicleta).

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