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LE BLOG

"Repos" dans la Cordillera Blanca

Après nos deux semaines en mode gringo, il est temps de refaire un peu d'exercice. Rien de tel qu'un tour au milieu de montagnes parmi les plus belles du monde pour se remettre en forme et éliminer les ceviche, les papas à la huancaina, les parilla et autres poulet aux triples féculents (oui oui, les péruviens et les boliviens sont le seul peuple capable de proposer du riz, des pâtes et des frites pour accompagner une aile de poulet!).



La Cordillera Blanca se targue des plus hauts sommets de la cordillère des Andes peruvienne. 18 sommets à plus de 6000m, 50 sommets à plus de 5700m. Pas de doute, nous sommes au bon endroit si on veut aller randonner ou faire une petite ascension de sommet!




Huaraz, au cœur de ce haut paradis blanc, est le point de départ de toutes les expéditions en altitude. La ville en elle même est une chouette expérience andine : une fois de plus, le chapeau des mamitas à évolué, il s'approche plus d'un chapeau haut de forme en feutre, orné d'une fleur en satin finement pliée. Les vendeurs de rue proposent des œufs de cailles et des myrtilles sylvestres. Les cochons d'Inde s'échangent vivants sur les marchés dans de simples sacs en toile, en vue de la préparation d'un bon plat de Cuy. Les poulets sont découpés à même le trottoir, et les humitas, sorte de beignets de pâte de maïs fourrés aux raisins secs, coûtent seulement un sol les cinq!



Et pour ajouter une ambiance Chamonix à cette atmosphère typiquement andine, des agences et loueurs de matériel sont rassemblés autour d'une même place, la Plaza del Periodista. Ils arborent sur leurs devantures des piolets et des bâtons de randonnée à côté de photos de cimes enneigées. Comme pour apporter une réponse à la soif de sommets glacés des aventuriers qui débarqueraient ici.



Le tout est entouré d'un massif de montagnes blanchies toute l'année, visibles depuis n'importe quelle rue de la ville, à la manière d'un Grenoble péruvien.


Nous décidons de partir pour le trek du Huayhuash, dans une cordillère qui se trouve plus au sud de la Cordillère Blanche. C'est un trek moins couru que d'autres (tel le trek du Santa Cruz), ce qui nous assure une certaine virginité des territoires que nous visiterons, et un caractère plus dépourvu du tourisme de masse.





Nous ne sommes pas déçus : nous passons cinq jours en autonomie complète dans ce gigantesque massif, entourés de collines enneigées dépassant les 6000m d'altitude. Nous serons quasiment constamment essoufflés durant cette randonnée. Les cols à plus de 4700m en vélo nous ont certes donné une bonne pratique de l'altitude. Cependant c'est vraiment différent de devoir pédaler à 4700m et marcher à cette même altitude, un sac de 20 kilos sur le dos. Mais la récompense de ces traversées de col hauts comme le Mont Blanc, ce sont ces bivouacs de rêve au pied des géants andins, ces bains rafraîchissant dans des eaux glaciales, ou encore ces parties de dés avec vue sur les sommets rougeoyants au soleil couchant.










Et une nouvelle preuve que nous ne sommes pas les seuls fous à parcourir les Andes à vélo : nous rencontrons Julia et Hanes, deux allemands partis en vélo voici un an et demi d'Alaska, et qui se dirigent tranquillement vers Manaus, dans l'Amazonie brésilienne. Nous passons de chouettes moments d'échange d'expériences avec eux. Ces cons arriveraient presque à nous motiver à poursuivre notre périple jusqu'en Alaska. On a la vie devant nous, il se peut que ce trajet s'ajoute à notre "to do list"...




Puis, de retour de notre trekking dans ce superbe massif, je décide de faire trois jours d'escalade dans les environs de Huaraz. Malheureusement, ces sessions grimpette se feront sans ma collègue cycliste, qui a le vertige dès qu'elle dépasse la hauteur d'un vélo.





Grisé par ces falaises, je décide également de m'associer à un groupe d'anglais et d'américains pour aller m'essayer sur des murs glacés cette fois ci.

Nous nous levons à minuit ce matin la pour aller nous attaquer aux pentes enneigées du Huarapasca, un "petit" sommet à 5400m d'altitude.

Après une marche éprouvante au milieu d'une moraine traîtresse, nous nous équipons à la lueur de nos frontales. Dans la semi-obscurité, j'aperçois les pentes du glacier qui se dressent au dessus de nous. D'un coup, je me sens tout petit, ridiculement vulnérable, malgré la présence rassurante de crampons à mes pieds et d'un piolet de traction dans chaque main.

Mais quelle expérience cette ascension! Malgré les difficultés physiques liées à l'altitude et techniques liées à l'inclinaison de la paroi glacée, à chaque coup de piolet je me fais la remarque : "Wahou, qu'est ce que c'est grisant!"






Parvenus au sommet, nous nous accordons une longue pause casse-croute et appréciation de ce qui nous entoure. Un autre avantage de monter sans guide : on passe le temps qu'on veut au sommet, sans être pressés par un planning contraignant.

Au sommet, je me sens bien. Rien à voir avec cette espèce d'étourdissement qu'on ressent lorsqu'on dépasse le seuil des 6000m.

J'ai toute ma tête, et j'en profite alors pour apprendre l'usage appliqué des broches à glace grâce à Juan, un colombien fan de montagne. Après la théorie, la pratique, et à 5400m au dessus de la mer! J'ouvre grand mes oreilles, bien décidés à en apprendre un maximum, près à l'appliquer lors d'une prochaine ascension!




Cette ambiance grimpette, c'est aussi l'assurance de chouettes rencontres. En deux semaines dans la ville, nous nous lions d'amitié avec des français, des colombiens, des canadiens, des anglais et des américains, des péruviens et même des chypriotes. C'est alors avec un petit goût de "chez soi" que nous sortons retrouver nos potes pour un hamburger d'alpaga, une pizza au Lomo Saltado (bœuf sauté, spécialité péruvienne incontournable) ou une glace à la banane.



Mais au bout d'un moment, il faut savoir partir, malgré ces belles rencontres et l'addiction grandissante pour ces sommets environnants.

Nous disons donc au revoir à Mariela, l'adorable et dévouée gérante de notre hostel, El Tambo, et à son chat Gringito. Nous voilà partis en vélos sur les routes de la cordillère blanche.



Nous traverserons ainsi de belles routes entourées de sommets, dont l'impressionnant Huascaran, plus haut sommet péruvien, à plus de 6700m.

Ces routes nous mènent au bout de la cordillère blanche, dans le Cañon del Pato, ou canyon du canard. Il s'agit d'un canyon magnifique, qui sépare la cordillère blanche de la cordillère noire (plus basse, et donc moins enneigée, et donc moins blanche, CQFD), qui poursuit l'axe de la cordillère des Andes, plus au nord. C'est un des canyons les plus profonds du monde, et certains passages sont très vertigineux, et à peine protégés par un ou deux plots peints de couleur.

D'autres passages sont beaucoup moins vertigineux, et beaucoup plus sombres : 35 tunnels ont du être percés pour laisser passer les véhicules dans cet étroite gorge.





Nous passons la journée à déambuler au gré des tunnels au milieu de ces formations géologiques fabuleuses, qui ne sont pas sans rappeler les gorges du Verdon.


Nous ne sommes pas toujours rassurés. Il faut dire que de sales histoires circulent sur ce canyon, comme celle de ce bus de bonnes sœurs, avalé par les profondeurs du canyon, enseveli de gravats et jamais retrouvé. Le canyon est d'ailleurs parfois appelé "cañon de las monjas", ou canyon des bonnes sœurs. Un peu flippant!



Au delà de ces histoires pas si légendaires, les tunnels sont tout de même très étroits, à l'image du canyon lui même. C'est plutôt inquiétant de pédaler dans l'obscurité et d'entendre au loin le ronronnement d'un moteur approchant, de plus en plus fort, de plus en plus près. Nos faibles éclairages de vélo ne suffisent pas à nous faire sentir en sécurité. Nous ne respirons alors que lorsque nous nous abritons dans le recoin de la niche d'un tunnel ou derrière un rocher une fois ressortis à l'air libre.


Mais quelle chouette expérience cette traversée, surtout dans le sens de la descente (du sud au nord, pour les intéressés). Une fois de plus, on se rend compte de l'intérêt du vélo pour traverser de tels paysages. Une vue panoramique, une liberté totale, le plaisir de le faire avec les cheveux dans le vent, et quelques frissons lorsqu'un véhicule nous frôle ou que des cailloux se détachent des falaises pour ricocher sur nos casques...


Faites du vélo qu'ils disaient!


Pour plonger dans une ambiance d'andinisme extrême, jetez donc un œil au récit de Joe Simpson, qui grimpe un sommet au cœur de la cordillère Huayhuash : Joe Simpson - Touching the void

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