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LE BLOG

Ecuador Express

Nos premiers pas en Equateur se font dans la petite ville de Nuevo Roca Fuerte. Nous y débarquons nos vélos de notre pirogue dans la mangrove qui borde le fleuve Napo, affluent du rio Amazonas.



Comme à chaque passage de frontière, il faut retrouver des repères, et nous commençons à développer quelques réflexes. Nous faisons un petit tour dans le village en vélo, sous les regards médusés des locaux. Nous échangeons avec certains d’entre eux pour obtenir des informations sur le bateau qui nous emmènera à Coca (le dernier de notre longue croisière). Nous découvrons tout de suite, ici, à quelques mètres du Pérou, de nouvelles personnalités et de nouveaux accents. Nous entrons dans un supermarché pour voir quels vont être les produits que nous allons consommer dans les prochaines semaines (et aussi, avouons-le, pour voir s’il y a du Nutella et du bon fromage). Nous payons nos premiers achats en dollars car en 2000 le peso Equatorien avait été trop dévalué, le pays a donc fait le choix de choisir le dollar US comme monnaie officielle. Ça fait bizarre de tout payer en dollars, tout semble bien plus cher.




Une chose qui ne change pas derrière cette frontière, c’est la chaleur. Nous sommes accablés par cette moiteur qui nous suit depuis déjà plus d’une semaine. Résultat : nous plongeons dans le rio Napo pour nous laver, même s’il fait nuit noire. Les eaux sombres sont peu engageantes mais l’appel de la fraîcheur est plus fort.


Nous campons devant la capitainerie, notre dernière nuit en compagnie de Santiago et Verena (voir article précédent) qui nous ont accompagné dans nos galères (dans tous les sens du terme) fluviales.


Un dernier bateau le lendemain matin nous emmène vers Coca, en environ 10 heures cahoteuses. Dommage qu’une de nos sacoches de vélo ait fait un léger tour dans l’eau lors du chargement des vélos. Dommage que le billet soit si cher. Bienvenue en Equateur !


Nous arrivons en fin de journée dans la ville de Francisco de Orellana, aussi appelée Coca, dans la région de l’Oriente. Nous profitons de bonnes découvertes rafraichissantes, qu’on ne trouvait pas au Pérou. Nous saignons deux litres d’une boisson, le Fuze Tea, qui nous rappelle avec nostalgie l’Ice Tea qui nous plaisait tant là-bas, outremer. Dommage que, comme presque toutes les boissons du continent, la marque ait été rachetée par une petit start-up en devenir, The Coca-Cola Company.

Nous campons dans l’arrière-cour de Don Oscar, très sympathique, qui nous permet de suspendre notre poche à eau à une vieille armoire abandonnée pour profiter d’une douche froide. Quel luxe !




Puis, nous partons pour ce qui s’annonce comme une des étapes les plus éprouvantes de notre périple. Nous partons du bassin amazonien, soit à 300m d’altitude, pour remonter à Quito, au cœur des Andes. Ce qui nous attend, c’est un dénivelé positif cumulé de 7600m, avec un passage en haut d’un col à 4100m. Et tant qu’à parler chiffres, notons qu’avant d’atteindre les contreforts des Andes, nous aurons droit à une température de 45 degrés à partir de 9h30. Autant dire que les doudounes et duvets en plume resteront au fond des sacoches !




Nous nous levons plus tôt que d’habitude ce premier jour : 6h au lieu de l’horaire habituel (7h). A 8h déjà, le soleil tape énormément. Nos casques, casquettes, lunettes de soleil et écran total n’y font rien : on cuit comme des cuys asados sur une broche ! Nos tee-shirts détrempés par l’humidité de l’air et par la sueur nous collent à la peau.




Ce sont nos premiers kilomètres de cyclo-tourisme dans une telle chaleur. Jamais dans notre voyage nous n’avons aussi chaud (il faut dire qu’on était soit très au Sud en Patagonie, soit très en altitude dans le reste du continent).

Comme tout le monde, nous apprenons de nos erreurs, et jamais plus nous ne trainerons autant pour nous lever. Désormais, nous nous levons à 4h30 ! Ça devrait nous permettre de profiter de « la fraîche » pendant deux-trois heures, nous ferons ensuite une pause en attendant que ça se calme.




Nos journées sont donc coupées en deux. Nous pédalons de 5h30 à environs 10h. Nous nous posons ensuite à l’ombre avec un jeu de dés, deux litres de Fuze Tea et une tonne de sorbet au maracuya. Généralement, nous ne tenons pas bien longtemps, l’appel de la route est trop fort, et nous nous remettons en route vers 14h, pour rouler jusqu'à 18h.




Nous parcourons des centaines de kilomètres de route longée par de la forêt vierge, où seules quelques fincas, ces fermes équatoriennes vendent des naranjillas sur des étals sommaires en planches. Du haut des arbres proviennent des bruits de dizaines d’oiseaux imitant à merveille les sonneries iPhone. Devant nous, au loin, se dresse le volcan Sumaco. Dans un tel paysage de forêt primaire, on s’étonnerait à peine si on voyait s’élever au dessus des arbres la tête d’un diplodocus…

Nous roulons parfois sur de petits serpents zébrés de rouge et de gris, d’une longueur de 40cm environ. Et parfois, c’est une grosse araignée qui nous barre la route, nous arrachant quelques frissons malgré la fournaise.




Puis, nous commençons l’ascension de la première des cordillères du pays, qui en compte trois, parallèles à la côte. Et là, ça grimpe ! Et dire qu’après le Pérou, on pensait avoir tout vu. Les Equatoriens revendiquent le fait que leur pays comporte toutes sortes de paysages, mais de manière très condensée, sur un petit territoire. Certes ! Mais ça veut aussi dire que les pentes sont d’autant plus raides. Après les 12% environ des pentes péruviennes, ce sont désormais des côtes raides de 15% qui nous attendent jusqu’à Quito. Et bien entendu, le poids de nos vélos ne s’est pas diminué pour autant depuis le Pérou : nous portons toujours environ 30 kilos de sacoches et 16 kilos de vélo chacun !




Nous remercions cependant Mère Nature, qui offre de l’eau à foison dans cette région. Ça change de l’altiplano sec Bolivien et Péruvien. Nous faisons le plein des gourdes à chaque petit court d’eau au moyen de notre paille filtrante. Nous en profitons aussi pour remplir d’eau nos casques et casquettes et pour rincer nos tee-shirts.



Et ce sont parfois des affluents plus importants qui ponctuent notre chemin. Nous décidons alors souvent de nous y arrêter pour camper. Et c’est aussi parfois l’occasion d’une chouette rencontre avec des équatoriens, autour d’une bière et d’une tranche de pastèque ou d’ananas frais.




La raideur des montées équatoriennes nous coûtera du matériel. Je casse ainsi ma chaîne au bout de notre 6589è kilomètre. Quel sentiment bizarre qu’une chaîne qui lâche. Je pousse de toutes mes forces dans un raidillon particulièrement ardu, et d’un coup CLAC ! Ma chaîne éclate, et je me retrouve à pédaler dans le vide (d’un coup c’est plus facile) et à reculer (d’un coup je vais plus vite mais dans l’autre sens). Heureusement, vos bike-trusters préférés croient au vélo, mais ne sont pas naïfs. Cela devait arriver, et nous avions donc prévu le coup. Cela fait huit mois que je me trimballe deux chaînes de rechange (ça pèse son poids mine de rien), il est temps d’en utiliser une.




Et comme quelqu’un a inventé un jour la loi des séries, je crève mon pneu avant quelques heures plus tard. C’est ma première crevaison à l’avant, ça se fête, Fuze Tea pour tout le monde ! En attendant, Pauline n’a toujours pas crevé, ni à l’avant, ni à l’arrière. A croire qu’elle fait semblant de pédaler depuis le début !



C’est donc heureux comme tout, mais surtout épuisés que nous arrivons finalement au sommet de la Cordillera Oriental. Celle-ci domine le bassin Amazonien, qui s’étend, plat comme le Nord, jusqu’à l’Atlantique, en passant par le Brésil. C’est assez vertigineux d’imaginer que cette étendue court pendant des milliers de kilomètres, sans aucun relief. C’est non seulement vertigineux, mais surtout cela nous change des étendues de montagnes à l’infini, que nous voyons depuis le début de notre voyage.




Nos muscles ne nous ont jamais autant fait souffrir. Une fois de plus, on pensait avoir tout vu. Les ingénieurs du BTP équatoriens ne pensent certainement pas aux cyclistes lorsqu’ils conçoivent le tracé de leurs routes. C’est la première fois que nous aurons de telles courbatures depuis le début de notre aventure. Certes, on a fait une belle pause lors de notre croisière sur l’Amazonie, mais là les montées nous en font baver !


C’est en nous étirant les quadriceps en haut du col de la Cordillera Oriental que nous ferons la rencontre de German, un entrepreneur équatorien curieux de notre aventure et très accueillant. Il nous laisse son contact en nous disant de l’appeler à notre arrivée à Quito, il aura peut être une solution à nous proposer pour notre hébergement.


Après plusieurs jours de montée, une dernière journée glaciale au dessus de 3000m (cette fois ci les doudounes en plumes sont ressorties), un col pluvieux à 4100m et une descente avec vue plongeante sur Quito, nous rappelons le gentil German.




Nous avons droit à un accueil incroyablement chaleureux de la part de toute sa famille : Estella, sa femme et Erick, son fils. Nous passerons trois jours en leur compagnie, à partager leur quotidien, à déguster l’excellente cuisine de Estella, à nous émerveiller sur la variété de fruits dont regorge leur jardin, à visiter le centre-ville de Quito.


Avouons-le, nous faisons aussi un tour au cinéma, et dans quelques fast-food locaux.


Le centre-ville de Quito est très agréable, quoique vallonné. De jolies places coloniales, et une rue nommée « rue des sept églises » entourent le magnifique palais présidentiel. Nous guettons ses portes, car il paraît que Rafael Correa aime à se mettre au balcon ou à sortir dans les rues pour saluer ses citoyens.


Mais ce que nous guettons surtout, ce sont les éclaircies au dessus du Cotopaxi. Il est en éruption depuis deux semaines, et nous arrivons avant la fumée des cierges, et donc pendant la fumée du cratère ! Nous n’apercevrons pas grand chose, mais ce beau panache de fumée n’en est pas moins fascinant. Tout aussi fascinant, mais également peu rassurant, ce sont ces panneaux et ces peintures au sol indiquant la direction à prendre en cas d’éruption encore plus importante. Les habitants de la région sont lucides, surtout ceux qui vivent en bas de la vallée comme nos hôtes adorables. Leur vallée disparaitra un jour, ils en sont certains. Et ce jour pourrait bien arriver plus rapidement que prévu, surtout au vu de l’activité volcanique particulièrement active de la région.


D’ailleurs, lorsque nous disons au revoir à German, Erick et Estella pour reprendre la route, ils nous disent qu’il faut qu’on revienne un jour, pour voir la nouvelle vallée. C’est à dire la vallée telle qu’elle aura été reconstruite au dessus d’une coulée de boue et de lave.



Nous passons ensuite enfin dans l'hémisphère Nord, en franchissant enfin l'Equateur, cette ligne qui nous faisait rouler la tête à l'envers depuis huit mois.




La suite de notre aventure est bien plus sombre. Après avoir été « victimes » d’une hospitalité sans bornes dans cette famille de Quito, nous sommes « victimes » de la bêtise sans bornes d’un équatoriens de Otavalo. C’est quelque chose que l’on craignait depuis le début de notre voyage. Cela devait finir par arriver. Pauline se fait voler sa sacoche de guidon. Bien entendu, le contenu de la sacoche disparaît avec. On est désolé Monsieur Ortlieb, on vous aimait vraiment.


Comprenez par la que les photos que vous voyez dans cet article sont les dernières à être « correctes ». Notre appareil photo réflex, ainsi que le portable de Pauline et son iPod disparaissent dans la poche d’un bel enfoiré. Sachez Monsieur le voleur, que le sticker qui est sur l’appareil photo vous renvoie vers notre page. Ayez au moins l’amabilité de venir nous accorder un « like » sur notre page Facebook.


Abattus, nous décidons de prendre un bus pour Tulcan, proche de 150 kilomètres. Cette ville est à la frontière avec la Colombie. Nous souhaitons tourner la page équatorienne, en précipitant un peu les choses, certes, mais le passage dans un autre pays nous permettra d’oublier ce sombre épisode d’Otavalo.



Bien au delà de ce larcin, nous retiendrons cependant de ce passage express en Equateur la chaleur moite de l’Oriente, et la chaleur affable de ses habitants, et notamment de cette famille de Quito. La tristesse de cette histoire, c'est que les photos de German et sa famille étaient dans l'appareil photo. Nous nous le promettons : un jour, nous reviendrons en Equateur !




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