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LE BLOG

Vis ma vie de Bike Truster

On vous a beaucoup parlé de nos trajets, des paysages, des rencontres. Mais on s’est rendu compte que vous n’avez pas les détails de notre vie quotidienne d’aventuriers sur deux-roues. On vous propose donc un article un peu à part, qui détaille notre vie quotidienne, entre bivouac, vélo, pause goûter, vélo, pause collation, vélo, pause casse-croûte, vélo, pause quatre-heures, vélo et soirée camping!



L’avenir appartient à ceux qui pédalent tôt


Une bonne journée de Bike-Truster commence à 6h, par un réveil retentissant avec le seul iPhone qui nous reste. Ça c’est quand on n’est pas déjà réveillé par un coq avoisinant, y’en a vraiment partout dans ce continent. On vous vois déjà « Ah ouais, en fait ils sont pas en vacances, ils se lèvent tôt et tout ! ». Sans déconner !! La seule différence avec la vie réelle c’est que on se lève pas à cette heure pour nous précipiter dans une rame de métro de la ligne 13.


Je sors de la tente aussitôt, pour allumer le réchaud et faire bouillir de l’eau, tout en admirant le paysage qui nous entoure. Notre réchaud à essence MSR est une petite merveille : il chauffe par tout temps, pluie, neige, rien ne lui résiste. Pas même le vent de Patagonie !

Je prépare deux tasses de thé et deux belles assiettes de notre mélange magique : lait en poudre, flocons d’avoine, noix de coco rapée, cacahuètes, raisins secs et lait concentré. Quand c’est la fête, on se permet même de saupoudrer le tout de Chocapic, pour le côté sexy-croustillant-chocolat.

Le reste de l’eau bouillie sert à remplir nos gourdes pour nous hydrater pendant notre journée d’athlète.


Pendant ce temps, Pauline, qui est restée bien au chaud dans la tente, ne traîne pas pour autant. Elle replie tous le matos de la nuit : matelas gonflables qu’il faut rouler dans leur sac (il faut parfois le rouler à plusieurs reprises tant le sac est étroit), oreiller gonflable (« Oh les précieux, ils ont des matelas gonflables »), sacs de couchage (température extrême jusqu’à -15 degrés, oui Madame !) et draps de soie (pour moins salir nos duvets).


Généralement, lorsque tout cela est rangé, grâce à notre timing à l’allemande, le petit déjeuner est prêt. Alors, en fonction du temps qu’il fait, on mange soit dans la tente (alors vidée de tout notre petit confort), soit dehors, généralement avec une vue de fou sur les paysages qui nous entourent. Je finis souvent par terminer l’assiette de Pauline, qui malgré tant d’efforts quotidiens, continue à manger comme une crevette.


Les rôles sont ainsi répartis. Il n’y a pas eu un jour sans que ce partage des tâches soit remis en question. Cela s’est instauré naturellement, lorsqu’on s’est rendu compte que Pauline n’aimait pas manipuler les flammes du réchaud (certes, impressionnantes à l’allumage). Une autre constatation a été que certains membres de l’équipe IBWT sont plus frileux que d’autres et préféraient sortir le plus tard possible de la tente. La parcellisation de nos tâches s’est donc logiquement imposée.



La suite est un travail d’équipe : on s’habille, on range la tente, on charge les vélos.


Pour les vêtements, pas de prise de tête.

« Est ce que je remets le tee-shirt d’hier ? Ou peut être celui de avant hier ? Ou un autre ? Ah nan, j’ai que deux tee-shirts ! »

« Tiens, je me rappelle plus si ce tee-shirt a déjà été porté six jours ou seulement cinq ? »

« Merde, j’ai oublié de rincer mon dernier caleçon/ma dernière culotte, je vais devoir le/la porter à l’envers »

« Alors aujourd’hui, les sandales, avec ou sans chaussettes ? »


Il ne faut rien oublier, observer le temps qu’il fait pour savoir quelles fringues choisir (même si le choix n’est pas des plus larges), et quelles fringues laisser à portée de main pour la journée, parce que ensuite c’est pas si facile d’accès dans les sacoches. C’est un peu comme monter en voiture pour un long trajet, et laisser le pic-nique et les Cds dans le coffre.


Pour la tente, généralement Pauline gagne du poids en plus lorsqu’il a fait humide pendant la nuit. Le poids de la tente est alors doublé !


Pour charger les vélos, c’est un long rituel qui s’est instauré. On sait quelle sacoche s’accroche à quel endroit. On sait comment mettre parfaitement le tendeur pour que rien ne penche d’un côté. On sait quelles lanières servent à accrocher le linge qui sèche pendant la journée.


Après cette routine bien rôdée, on est prêts à attaquer le goudron !



Une matinée de liberté


Les premiers kilomètres sont du pur bonheur, et c’est le cas chaque matin. Un véritable éveil des sens, les cheveux dans le vent, les yeux ouverts au spectacle de l’Amérique du Sud qui émerge, le nez prêt à capter toutes les odeurs environnantes (même celle pestilentielle des camions de poulets qu’on mène à l’abattoir), les muscles encore frais sur les pédales et le mental prêt à avaler des « kilometros ».


Puis, une fois ce réveil du sportif passé, on discute à deux, on échange des « Holà » contre des « Suerte » avec les passants éberlués, on s’émerveille des paysages, on compare les routes sillonnées avec d’autres trajets parcourus plus tôt dans le voyage, on rit, on salue en levant le pouce les chauffeurs de camions, on se demande quelles autres routes du monde on aimerait explorer en vélo, on étudie la carte sur la merveilleuse application maps.me…



Puis vient ce moment où la discussion commence à tourner autour des mêmes références. On entend les mots « chocolat », puis « fromage », ou encore « pâtisseries ».

Là, on sait qu’il est temps de la première collation. Pas grand chose, une petite pâte de fruit (mention spéciale pour le Bocadillo de Guayaba, pâte de fruit de goyave, consommée partout en Colombie), une gorgée de lait concentré ou une barre de céréales.



Et de nouveau ces échanges avec les passants, les paysans ou les petits vieux qui trainent au bord de la route toute la journée.


« De dónde vienen ? »

« De Argentina »

« Y hasta dónde se van ? »

« Hasta Colombia ! »


On croise même parfois un cyclo-touriste. C'est alors un plaisir de s'arrêter et causer pendant une bonne demi-heure avec lui, échanger des tuyaux, des expériences ou tout simplement se marrer un bon coup.



Quelques tours de pédale plus loin, on grignote à nouveau. Cette fois-ci, c’est plus copieux. On sort le pain, le dulce de leche et la confiture, on troque des bananes contre des bouts de melcocha (ce caramel mou tiré de la canne à sucre et couvert de cacahuètes, qui colle aux dents et qui est si bon), on voit apparaître puis aussitôt disparaître dans les estomacs des paquets de cookies entiers.



Et de nouveau on roule, toujours vers le Nord, toujours avec le même entrain matinal.


Puis la faim commence (seulement maintenant) à se faire sentir. La vraie faim celle-là. Celle qui coupe les jambes dans les montées, et qui fait rêver de bons petits plats français dans les descentes.


On sort alors tout l’attirail pour se préparer de bons sandwichs au thon. Le bon vieux sandwich au thon, connu de tous les cyclo-touristes du monde entier. Notre recette spéciale et secrètement gardé jusqu’à aujourd’hui, est de l’agrémenter de tomates (ou d’avocats quand notre pouvoir d’achat le permet), de mayonnaise et de crackers pour le côté croustillant.



On se souvient encore du jour où, en Patagonie, lors d’un déjeuner avec les V-Liberté, nous avons sorti non sans fierté nos premiers sandwichs au thon/mayo. Ce déjeuner royal, le premier d’une longue série, avait soulevé des « oh » et des « ah » de jalousie. Les V-Liberté sont certainement désormais, tout comme nous, loin de jalouser un pauvre sandwich au thon…



L’après-midi, on croit un peu moins au vélo


Une fois engloutie, cette réserve de protéines censée nous donner des ailes, nous freine un bon coup.

On entre en phase de digestion. On entre donc par la même occasion dans cette phase que l’on s’accorde à définir comme « le pire moment de la journée ». Car l'enthousiasme du matin est loin, l’envie de sieste est bien plus proche.


Et pourtant, il faut repartir, avaler de nouveaux kilomètres alors que notre estomac est déjà rempli de « atun en aceite » et de « mayonesa sabor peruano ».



C’est le moment de faire intervenir nos meilleurs amis : Franck Ferrand, Fabrice Drouel, Marie-France Chatin, Bernard Guetta, Christine Ockrent et Hélène Jouan…

On fait péter les podcasts ! Et alors c’est parti pour des heures d’émissions radio, actualités, histoire, géopolitique, humour, sciences pour mieux faire passer les kilomètres, et nous maintenir éveillés. Cela maintient également nos liens avec le Vieux Continent, qui depuis 8 mois nous semble bien éloigné de notre quotidien.


Et notre petite enceinte, accrochée à mon guidon (merci Salomé !) grésille, et conte à tue-tête les dernières nouvelles de France et d’Europe. Les regards des passants se font encore plus intrigués en regardant cette étrange caravane passer au son des présentateurs radio français.


Puis, la ferveur procurée par les l’actualité s’estompe. On se remet à compter les kilomètres, non sans apprécier toujours les paysages qui nous entourent.



On entre alors dans de savants calculs pour anticiper « mas o menos » l’endroit où nous pourrons dormir ce soir.

« Donc si on continue à ce rythme, sachant qu’il nous reste du dénivelé positif, on devrait pouvoir finir la journée avec 70 kilomètres au compteur. »

« Alors là il nous reste que de la descente. Obligé on éclate encore un record avec une journée de plus de 100 kilomètres. »

« Bon, c’est tout plat mais y’a pas beaucoup d’eau sur le chemin. Je vais donc devoir anticiper et remplir la poche à eau avec 10 Litres pour ce soir. Ça devrait nous ralentir… Ce n’est encore pas aujourd’hui qu’on arrivera dans la prochaine ville. »


Et il y a ces chiens, errants ou apprivoisés, qui nous accueillent dans les villages tous crocs dehors, en nous courant après. Lorsqu’on n’est pas pressés, ce qui est souvent le cas, on prend le temps de poser le vélo et de leur balancer une belle volée de cailloux.



Home Sweet Home


Une fois qu’on a parcouru une distance convenable, mais surtout une fois que nos jambes sont séchées par 8 heures d’effort continu, on décide de se mettre en quête d’un endroit où passer la nuit.


Comme me l’avait recommandé Simon avant de partir, une fois qu’on trouve un endroit à peu près convenable, il faut s’en contenter et s’y installer. Cette chance pourrait ne pas se renouveler par la suite. C’est donc une bonne méthode pour éviter de se retrouver à toujours chercher un lieu de bivouac une fois la nuit tombée.


Un bon spot de bivouac est un endroit éloigné de la route et pas visible des automobilistes qui passeraient. C’est également un endroit plat, pas trop humide, et si possible avec un revêtement confortable (herbe, sable). Enfin, il faut une source d’eau proche (lac, fontaine, ruisseau, fleuve).

Ce n’est pas toujours le cas, mais lorsque toutes ces conditions sont réunies, c’est tout simplement royal !



Et puis souvent, un bon spot de bivouac c'est aussi un toit. Nous demandons alors dans les écoles, dans les casernes de pompiers, dans les granges, dans les mairies, dans les salles des fêtes, dans les paroisses ou les églises. Nous glissons sous des barbelés, nous nous introduisons dans des bâtiments abandonnés.




Comme dans notre rituel matinal, les étapes sont bien rôdées le soir pour monter le camp.


Hormis en Patagonie, ou l’éloignement de l’Equateur nous procurait du jour jusqu’à 23 heures, nous devons jongler pour finir la majeure partie des tâches avant que la nuit ne tombe.



Nous commençons par monter la tente, puis je pars généralement en quête d’un ruisseau pour aller remplir notre poche à eau de 10 Litres. Enfin ça c’est lorsqu’on ne l’a pas remplie en cours de route de peur de ne pas en trouver plus tard. Nous l’accrochons ensuite sur mon vélo pour profiter d’une fin d’étape avec 10 Kilos supplémentaires.


La gestion de l’eau en cyclo-tourisme est donc une sacrée logistique, mais cette corvée d’eau vaut le coup d’y dépenser un peu de temps et d’énergie. Quel bonheur de pouvoir prendre une douche chaque soir après tant d’efforts. Et lorsqu’il fait vraiment froid, les membres frileux de l’équipe ont même droit à une douche chauffée sur le réchaud. Qui a dit que le bivouac en cyclotourisme était inconfortable ?


Pour tout vous avouer, la douche se fait souvent également directement dans le ruisseau ou dans le lac tout proche. C’est frais, c’est sauvage, c’est un retour aux sources pas désagréable.




Je me permets une petite parenthèse pratique pour vous présenter nos différents moyens de purifier l’eau qui s’offre à nous. L’objectif étant que vous sachiez vous débrouiller lors de vos prochains tours en cyclo-randonnée !

  • Nous la faisons bouillir, ce qui est probablement le moyen le moins onéreux. L’inconvénient est qu’il faut attendre qu’elle refroidisse.

  • Nous y mettons une pastille type Micropur ou Aquatabs. Cette méthode est plus coûteuse, et nécessite de transporter une bonne réserves de pastilles (1 pastille = 1 litre)

  • Nous utilisons notre paille filtrante Sawyer Squeeze. C’est révolutionnaire ! Nous la buvons directement avec la paille, ou bien nous la filtrons et remplissons les bouteilles en utilisant cette même paille. L’inconvénient est que cela ne purifie pas tout type d’eau, comme les eaux croupies par exemple.



Cette eau permet également bien entendu de faire cuire nos féculents du soir, mais aussi de faire la vaisselle, de se désaltérer (après purification) et de se brosser les dents.



Le repas du soir n’est généralement pas très varié, mais c’est un vrai bonheur de manger un plat chaud et roboratif en fin de journée. La base est forcément soit du riz, soit des pâtes. Nous les agrémentons ensuite de protéines indispensables, soit du thon (si jamais on n’en a pas eu assez le midi), soit de la viande soja (très bon, semblable à de la viande en apparence, et riche en protéines), soit des œufs durs (durcis préalablement), soit encore des protéines végétales (lentilles, haricots secs). Nous ajoutons généralement un oignon à bouillir avec le tout. Nous assaisonnons le tout avec notre super boîte à épices : sel, poivre, cumin, ail, chili, ketchup. Pas si mal pour un repas cuisiné au milieu de nulle part !


Encore une fois, c’est tout l’intérêt du cyclo-tourisme : on peut trimballer avec soit une bonne quantité de choses – bien plus qu’en backpacking – et donc se créer des situations de confort assez plaisantes.



La suite se passe généralement très rapidement : on mange, on décide d’utiliser notre « joker brossage de dents » s’il fait trop froid dehors, on se glisse bien au chaud dans nos duvets respectifs et on n’en sort pas avant le lendemain matin.


Il est 19h15, nous sommes couchés. Il nous faut environ 1 minute pour nous endormir…



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